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Bahamas 2015


Destination : Croisière Bahamas
Pays : Bahamas
Durée du séjour : 10 jours
Tour Opérateur : H2O
Booking : La P5 - wirelessman PeterH + l'éclairagiste
Prix : ~ 3500 €




Toutes les photos du périple sont là:

BAHAMAS 2015 : The Shark Tour

2015 bon millésime ou pas ? Sachant que 2013 était excellent « Grande cuvée de Komodo » , 2014 pas mal non plus mais plus tanique : « Château Sanganeb de Soudan » qu’allait nous réserver le cru 2015 ?

Comme d’hab tout cela se décide au salon de la plongée. Nous en avons profité pour retrouver Daniel et Sylvie rencontrés sur la croisière Komodo et nous nous sommes envoyés quelques punchs en souvenirs des dragons. La destination était déjà dans nos têtes mais il fallait caler tout cela. Direction le stand du tourisme aux Bahamas, oui c’est bien ce que avions en tête, on tape la discute, un punch, nous avons une bonne idée de départ. On enchaîne sur le TO pour se stabiliser finalement sur H2O qui nous propose un plan sympa sur un voilier, une semaine à thème pour ne faire que du requin : Tigres, Citrons, Gris, Nourrices, Mokarans et Longimanus. Un dernier punch a raison de nos dernières réticences. Ce sera une semaine à partir du 13 avril la saison étant encore bonne pour les requins.

Les bahamas

Les Bahamas comptent plus de 700 îles et îlots disséminés sur environ 260 000 km2 et faisant partie des îles Lucayes, le reste de cet archipel étant occupé par le territoire britannique d'outre-mer des îles Turques-et-Caïques. Seule une vingtaine de ces îles sont habitées en permanence. Celle la plus proche des États-Unis n'est qu'à 89 km de la côte sud-est de la Floride.

La plus grande île des Bahamas est Andros, à l'ouest. L'île de New Providence, à l'est d'Andros, est le site de la capitale, Nassau et représente les deux-tiers de la population totale. Les autres îles importantes sont Grand Bahama au nord et Inagua au sud.

L’économie dépend principalement du tourisme et représente 60% du PIB du pays. Il ne faut pas oublier que les Bahamas sont un des hauts lieux de l’évasion fiscale avec un grand nombre de banques offshore et que les Bahamas font partie des pavillons de complaisance.

Les touristes sont principalement américains, Miami n’est qu’à 75 km, et donc la culture et les modes de vie sont très imprégnés ricains : burger, grosses bagnoles, yachts, …. C’est assez triste à dire mais les Bahamiens qui sont noirs ou métis à 85% sont tous gros voire très gros. Sans doute une conséquence du régime MacDo.

D’un point de vue politique, le chef de l'État est la reine Élisabeth II, les Bahamas étant un Royaume du Commonwealth. Elle est représentée aux Bahamas par un gouverneur général, rémunéré par la reine elle-même.

J1 : Arrivée sur Freetown on embarque

9h de vol, on passe par Atlanta, fouille au corps, bienvenue au US, JR perd deux fois son téléphone et le retrouve, on est dans l’ambiance : tout va bien. Direction Freetown sur Grand Bahamas encore 3h.

A l’arrivée vous avez cette odeur caractéristique des tropiques et vous vous dites "ça y est on y est". Encore un peu de mini-van et on arrive dans une marina privée super chic. Les Bahamas sont à un vol d’oiseau des US et ça se sent. On distingue le bateau au large, un beau deux mats qui doit avoir fière allure sous voile.

Steven vient nous chercher en zod, nous montons à bord. Salut au capitaine Jérôme à Noémie la compagne de Steven (elle sera un cuisto hors pair) et à un couple de luxembourgeois (je ne savais pas qu’il y avait la mer au Luxembourg) Joe et Adeline. Rapide visite du bateau, c’est un plan AMEL 54 avec cabine double à l’avant + douche et WC, un carré principal avec salle à manger et cuisine et à l’arrière une autre cabine double avec SDB et WC. Le bateau est très moderne et très fonctionnel. La partie plongée est également bien pensée avec 2 compresseurs à bord et une plate-forme arrière pour faciliter la mise à l’eau.

L’équipage

Il y a alerte

Petit rappel tous les ans ce sont 100 millions de requins qui sont pêchés selon une étude scientifique publiée dans la revue Marine Policy. L'étude a également démontré que ce taux dépasse le taux moyen de reconstitution de nombreuses populations de requins, ce qui signifie que les requins sont actuellement prélevés dans nos océans à un niveau qui n'est pas durable. "Les requins sont semblables aux baleines, et aux êtres humains, en ce sens qu'ils deviennent sexuellement matures tardivement et qu'ils ont peu de petits", précise l’auteur Boris Worm. Leur extinction sera donc inévitable, si la pêche perdure à un tel niveau.

Le divemaster

Il y a d’abord Steven, Steven Surina de son nom, qui sera notre guide sur toutes les plongées. Steven a 27 ans et est passionné des requins depuis de longues années alors qu’il n’en a peu. Il est à la tête de Shark Education qui est une organisation dont le but est de faire mieux connaître les requins et par ce fait de mieux les protéger.

Il suffit de prononcer des noms comme Guadalupe, False Bay, Umkoomas, Shaab Rumi pour que sa pupille se dilate et qu’il nous raconte par moultes détails les rencontres effectuées sur chaque spot, le régime alimentaire de tel ou tel requin, leur déplacement, leur reproduction, … Steven a un parcours atypique car il a vécu en banlieue parisienne à Massy, son père Alain Surina a été guitariste du groupe Trust (Si! Si!) puis ses parents se sont installés à Hurghada où ils ont installé un centre de plongée. C’est là que Steven a eu le déclic pour les requins. Aujourd’hui il fait des conférences, écrit des bouquins et organise des croisières à thème.

Le captain

Le captain, c’est toujours très important le captain, il est le seul maître après Dieu sur un bateau. Il vaut donc mieux être en bons termes avec lui et Fred ne vous le démentira pas lui qui a eu maille à partir avec le capitaine du bateau lors de notre croisière à Djibouti pour une sombre histoire de « wire » (il faut relire l’article sur la croisière).

Le captain donc, c’est Jérôme, il a eu plusieurs vies dont celle de prof en SUP. Grand amateur d’histoire, pratiquant la dialectique avec délectation, nous avons donc pu avoir avec quelques discussions approfondies sur l’avenir de l’homme et le positionnement de la station orbitale internationale dans la voie lactée.

La cuisinière

La cuisinière, c’est Noémie la compagne de Steven, toute aussi charmante qu’efficace dans son petit carré qui lui fait office de cuisine pour nous concocter tous les jours des plats simples et savoureux (mention spéciale pour la tarte au chocolat).

Les présentations étant faites direction nos bannettes respectives pour une nuit roborative. Tomorrow Tiger Shark Beach.



J2 - No Tigers

La Fourmigue

La Fourmigue

Les Narkozés

Les Narkozés

Sir Sofiane

Sir Sofiane

Mr Virgile

Mr Virgile

Nous avons navigué toute la nuit pour nous positionner sur le spot de Tiger Beach. P’tit Dej’, pan cakes, bacon, œufs, nous sommes prêts pour nous jeter dans la gueule du Tigre.

Les plongées le principe

Nous sommes sur du chumming, du baiting et du feeding, Ah ! J’entends déjà les esprits chagrins s’offusquer. « C’est pas bien, on dénature l’animal, c’est dangereux, c’est du spectacle pour touriste » j’en passe et des meilleures. On tombe assez vite dans le syndrome de la plongée bien-pensante que l’on retrouve dans d’autres domaines. Je vous invite à lire cet article très instructif qui devrait vous permettre de porter un autre regard sur cette pratique si ce n’est pas déjà fait. Steven y donne d’ailleurs son avis.

La pratique se déroule en plusieurs étapes

Le Chumming
En français du verbe « chummer » (c’est le mot employé par Steven, sans doute un anglicisme de plus) . C’est une étape importante qui consiste à créer un magnifique jus de poisson confectionné à base de minerai de poisson (le même que chez Spanghero mais avec du poisson). Ça pue et les squales adorent ça.
Le Baiting
Les requins arrivent. En général les gris et les citrons sont les premiers. Il faut maintenir le chumming et rajouter du poisson que l’on jette assez violemment à la surface de l’eau de façon à créer une onde qui attire les squales.
Steven se met à l’eau
Steven fait un check en surface afin de vérifier si des tigres sont sur la zone et si c’est le cas il se met rapidement à l’eau avec sa caisse miracle remplie de poisson afin de stabiliser le ou les tigres sur la zone. Nous nous préparons pendant ce même temps, en noir de la tête aux palmes car les couleurs vives et les couleurs chair peuvent être confondus avec du poisson. Pendant ce temps Noémie a pris le relai en surface et continue à « chummer » et « baiter » afin de maintenir le flux odorant.
On rejoint la zone
Une fois que les tigres sont stabilisés (ils viennent régulièrement dans le flux jusqu’à la caisse et repartent), Steven nous fait un signe et nous nous mettons à l’eau. Nous sommes lestés comme des mules (10kg) de façon à nous poser debout sur le banc de sable sans être gêné par le courant. Bien entendu nous sommes positionnés au vent de la caisse par rapport au courant comme disent les marins de façon à ne pas nous retrouver au milieu des effluves « capain igloo », effluves qui seront remontées régulièrement par les requins jusqu’à la caisse de poisson gérée par Steven.

Que le spectacle commence

C’est parti pour 2x1h30 le temps de remonter et de reprendre un bloc plein en surface. L’attente fait partie du jeu. En l’occurrence lors de cette première plongée, les tigres se sont fait attendre à ce point que l’on a décidé de se mettre à l’eau en se disant qu’ils allaient pointer le bout de leur museau durant la plongée.

Dès la mise à l’eau l’ambiance est là, une trentaine de squales, autant en surface et cette visibilité extraordinaire 50-60 m au bas mot, le tout sur un sable maculé qui donne une luminosité que seuls les Bahamas savent offrir. Steven secoue la caisse de temps en temps ce qui remet un dose d’excitation dans le ballet des squales.

Contrairement aux idées reçues, je n’ai senti durant toutes ces plongées aucune agressivité de la part de ces animaux, de la curiosité oui, mais pas d’agressivité. Ils sont calmes, fluides, puissants, parfaitement adaptés à leur environnement, ce qui n’est pas notre cas. Les citrons sont sans doute les plus actifs, bien que les gris ne soient pas en reste. Il y en a devant, derrière, on ne fait plus attention, l’appréhension n’est plus là, juste le spectacle magnifique de ces animaux qui hélas risquent de disparaître dans quelques dizaines d’années.

Allez un peu de bio !

Requin gris

Nom français :
Requin gris de récif, requin dagsit ou requin à queue noire
Nom anglais :
Grey Reef Shark
Nom latin :
Carcharhinus amblyrhynchos
Famille :
Carcharhinidés
Reproduction :
Vivipare de 1 à 5 juvéniles
Taille :
jusqu’à 2,5m mais la plupart des individus ne dépassent pas 2m

Requin citron

Nom français :
Requin citron
Nom anglais :
Lemon Shark
Nom latin :
Negaprion brevirostris
Famille :
Carcharhinidés
Reproduction :
Vivipare de 3 à 20 juvéniles
Taille :
dans les 3,5 m

Nous sommes en train de vider notre deuxième bloc et point de tigre. Ce n’est pas grave ce sera pour la prochaine fois. JR et moi-même faisons un peu de shark riding, il est temps de remonter cela fait 2H00 que nous sommes dans l’eau. Pour le lendemain la météo n’est pas bonne il va falloir se mettre à l’abri, retour sur Freetown pour Tiger Beach il faudra attendre mercredi.

 

J3 – Pas grand-chose

Pas grand-chose à dire de cette journée. On fera une petite plongée Caraïbe sur un spot inconnu et qui je crois le restera. Petit tour à terre à la Marina pour se jeter une Sands (la bière locale) et profiter du Wifi pour échanger quelques nouvelles avec le continent. Voilà tout, ce fut une bonne journée de transition. Si, mention spéciale pour le ciel étoilé qui après deux trois ricards sont magnifiques. JR se trouve une âme de poète dans ces moments-là.

J4 – Re-Tiger Beach

On a fait route dans la nuit pour être les premiers sur le site car Steven avait remarqué à Freetown l’arrivée d’un bateau qui fait également Tiger Beach. Il est 8H, nous sommes seuls sur le spot, il fait beau et la mer est calme : conditions idéales.

Alors Tiger or not Tiger ?

Le préparatif est le même, on chume, on baite, on refait du smoothie à la sardine pourrie, etc., etc. La cohorte de gris est déjà là, les citrons sont également présents, mais pas de tigre, l’attente commence. Cette fois nous n’attendrons pas trop longtemps, Steven œil de Lynx ou tigre au choix détecte une ombre à partir de la surface qui ne fait pas de doute, « il y en a un là-dessous ». Il se met rapidement à l’eau pour le « sédentariser » et une fois ce travail réalisé il nous donnera le top pour y aller. Le signal vient assez rapidement, à nous de nous jeter dans l’œil du tigre (NDLR Rocky III pour ceux qui suivent).

La bête est bien là, un bon 4m de long, avec des cicatrices un peu partout. Nous apprendrons plus tard que cette femelle est connue et a été affublée du doux sobriquet de Scarface par Steven. Il y a une telle différence de taille entre le tigre et les autres squales que nos yeux sont constamment rivés sur lui. Et comme nous étions sous une bonne étoile ce jour-là, un deuxième tigre est venu nous rendre visite : une femelle énorme avec un ventre proéminant. La dame était pregnant « enceinte » si vous préférez. 5m de long au bas mot le bestiau et 600 kg sachant que le record actuel pour l'espèce est de 7 m pour un poids de 900 kg.

Il est surprenant de constater que dans les moments d’excitation les tigres ne se jettent pas sur la bouffe. Ils sont plutôt prudent arrivant par le côté, protégeant leurs yeux en fermant la membrane nictitante qui couvre l’œil dès que les autres requins sont proches et quasi au contact. Par contre on mesure toute la force de de l’animal lorsqu’il décide de s’attaquer au morceau de poisson qui l’intéresse, puissance de la mâchoire, puissance des mouvements de queue pour arracher la bouffe, il vaut mieux ne pas être à proximité dans ces moments là sous peine de revenir avec un bras en écharpe ou une jambe cassée pour cause de fracture. Petite séquence sympa où l’un de nos deux tigres a décidé de vouloir goûter la GoPro de Joe. Cela a fait un beau plan sur les amygdales du squale. Visiblement la caméra n’était pas à son gout puisqu’il l’a relâchée.

Il faut savoir que le tigre est un véritable fossoyeur des mers. Il mange de tout et on a même retrouvé dans l’estomac de certains requins des choses aussi surprenantes que des bidons, des cannettes ou des plaques d’immatriculation. Il est vrai que dans cette alimentation non spécialisée ont également été retrouvés des têtes d’humain ou des membres. C’est le deuxième requin ayant à son actif (ou passif aux choix) le plus d’attaques envers l’homme.

Je ne voulais refroidir l’ambiance mais pour vous rassurer sachez que vous avez 15 fois plus de chance de mourir par la chute de noix de coco que par une attaque de requin SIC. Finalement nos deux tigres repartent comme ils sont venus ce qui sonne la fin de la plongée. Deux, trois guiliguilis à des citrons joueurs et nous remontons. Une plongée à classer dans le top 5 de la … P5.

J5 - Journée de transition

On quitte le spot pour rejoindre New Providence, l’île la plus peuplée des Bahamas (60 % de la population) qui accessoirement abrite la capitale Nassau. Nous devons aller plonger chez Stuart Coves une figure emblématique de la plongée dans la région. Le monsieur a aujourd’hui 80 ans et a développé depuis des années un superbe business à l’américaine. 24 bateaux, 300 plongées jour, il s’est implanté à un endroit de l’île où il est seul et dispose de toute l’infrastructure : hôtel, bungalows, marina. Il a coulé par 20m de fond une dizaine d’épaves qui sont aujourd’hui autant de must spots pour la plongée épave avec requins. Ces sites de plongée ont été plusieurs fois exploités dans plusieurs James Bond comme « Rien que pour vos yeux » avec Roger Moore ou « Jamais plus jamais » avec Sean Connery et Kim Bassinger. Stuart Coves était coordinateur de toutes les prises de vue sous-marines sur ce dernier Bond.

Nous ne sommes hélas pas encore arrivés à destination et il nous faudra 36H de navigation pour atteindre New Providence. Un voilier c’est cool, romantique tout ce que vous voulez mais face au vent au moteur c’est 9 nœuds max soit ~18 km/h autant dire que l’on se traîne. Journée de lecture principalement, j’ai eu le temps de finir mon polar de Firmin Le Gall qui se passe à Auray et JR a bien avancé sur son bouquin rempli d’espions durant la dernière guerre mondiale.

J6 : Stuart Coves’s on se rattrape

Trois plongées sont prévues au menu. Une première plongée pour découvrir le site et en particulier les épaves coulées par Stuart Coves. La deuxième dive permettra de tester une interaction plus, comment dire, … « jouissive » avec les requins : il s’agit de l’immobilité tonique.

C’est quoi cette bébête ?

C’est un état dans lequel peut rentrer le requin, cela ressemble à un état cataleptique. Cet état a été découvert dans les années 60 par Samuel Grubbler. C’est une sorte de transe lors de laquelle tous les signes vitaux sont normaux mais le requin ne réagit plus aux stimuli externes. Le requin garde sa tonicité musculaire mais ses sens sont au minimum en éveil. Cet état n’est pas forcément induit par l’homme. Les requins taureaux (raggie sharks) se servent de l’immobilité tonique lors des accouplements, le mâle met la femelle sur le dos (position du missionnaire) et elle entre alors en catalepsie.

Il existe deux méthodes pour faire entrer un requin en immobilité tonique :

  • En le mettant sur le dos : sa perception et son champ de visuel sont perturbés ce qui provoquerait une surcharge sensorielle. Cela aurait pour effet une sécrétion de sérotonine par le cerveau d’où l’état de catalepsie. Cette méthode ne convient qu’aux requins que l’on peut manipuler, elle n’est pas praticable sur des tigres de 4m.
  • L’autre méthode est plus « cool », plus « sweet » , c’est en le caressant que le requin entre en immobilité tonique. La gueule du requin est parcourue des capteurs sensoriels appelés ampoules de Lorenzini. Lorsqu’on le caresse à cet endroit ses capteurs sont saturés, ses muscles se détendent complètement et il s’abandonne comme sur la photo ci-dessus. Avec cette méthode Mike Ratzen a même réussi à faire entrer en catalepsie une femelle requin tigre de plus d’une tonne. Comme le dit Steven, le plus souvent pour que cela fonctionne, il faut que le requin soit demandeur. Lorsque le squale vient au contact vers la main c’est qu’il recherche cette expérience.

Nous ferons la troisième plongée sur le même principe sauf qu’elle se déroule sur un spot appelé Shark Arena. Il s’agit d’une zone sur un fond sableux délimitée par des pierres pour délimiter l’arène, Steven s’y place au milieu avec sa cote de maille. Ah ! Petit détail, l’interaction avec les requins étant plus forte que sur Tiger Beach , Steven doit revêtir une cote de maille en titane (l’objet coûte 5000 € tout de même) car il n’est pas rare que dans la curée générale il y ait quelques morsures non contrôlables. Il est 8h on se met à l’eau pour la première plongée. Découverte des épaves coulées par Stuart Coves’s. Elles sont toutes en très bon état, bien posées sur leur quille et offrant une super visi. Il est tout de même surprenant de constater que l’on se concentre sur ces épaves sans regarder les dizaines de requins qui nous tournent autour. Sommes-nous blazés ? Je me souviens pourtant de notre excitation quand nous avions vu notre premier requin à Madagascar lors de la plongée autour du pain de sucre près de Nosy Be. Les années passent… Fin de plongée, c’était plutôt cool.

Dive 2 : Plongée Godefroi de Bouillon

La deuxième plongée sera une plongée Godefroi de Bouillon i.e. avec cotte de maille sur une des épaves. Nous nous plaçons autour du bastingage arrière et Steven fera son feeding sur la plage arrière. Ils sont là, ça grouille. Quelques tentatives de stimulation des ampoules de Lorenzini mais ça ne donne rien. Visiblement sur cette plongée les requins sont plus branchés bouffe que câlins. Ce n’est pas grave on retentera l’expérience sur shark Arena.

Dive 3 Shark Arena

On prend les mêmes et on recommence, cette fois sur Shark Arena. A peine arrivés sur le fond sableux à 15m de profondeur que les hôtes de lieux sont déjà là attendant le début de la représentation. Sont également présents des énormes mérous qui, dixit Steven, sont ceux qui profitent le plus de la cantine improvisée avec les carangues. Le rideau se lève, que le spectacle commence. Godefroi alias Steven se fait bousculer de toute part. Les tentatice de mise en catalepsie s’enchaînent sans succès jusqu’à ce qu’un des squales plus réceptif que les autres se laisse aller au massage du rostre et atteint le niveau de catalepsie désiré.

Je suis alors autorisé à prendre l’animal pour parfaire le massage et l’amener sans effort dans une position verticale pour ensuite le laisser partir tranquillement dans le bleu.

« C’était ma première immobilité tonique et le rideau sur Shark Arena est tombé. »

J7 - On prend les mêmes et on recommence

Nous sommes restés sur les sites de Stuart Cove’s. Nous refaisons à peu près les mêmes plongées avec le même plaisir. On visite d’autres épaves et un tombant pour changer un peu. La flore est assez sympa, on note un peu comme partout dans l’arc Caraïbes une prolifération de poissons scorpion (Pterois volitans) qui est une espèce invasive. Il y a des expériences en cours pour apprendre au requin à effectuer une prédation sur cette espèce de façon à ce qu’il l’intègre dans son régime alimentaire. Sinon la langouste des Bahamas n’a rien à envier à sa voisine de Cuba (celle qu’on pêche tout là-bas), elles sont énormes. Avec une langouste vous invités 4 personnes sans problème.

Les plongées s’égrènent, le temps est suspendu, quelle heure est-il ? Quel jour sommes-nous ? On ne sait plus. C’est ça la magie de la croisière. Nous nous faisons une petite plongée de nuit JR et moi, le même tombant mais de nuit.

J8 - Le départ

Pour une sombre histoire de vol, nous avons une nuit à Nassau avant d’embarquer. On en profite pour faire une dernière plongée matinale. Les lumières sont différentes tôt le matin, le comportement des prédateurs également, c’est comme si ils sortaient du boulot, ils (les squales) ont l’air tous un peu amorphes, la nuit a dû être agitée. Le temps de faire le signe P5 devant la caméra, de verser une petite larme et c’est fini. Bye bye les BAHAMAS.

En synthèse, même si le prix est relativement élevé, c’est une expérience à faire. Il faut ôter de sa tête tous les discours pseudo moralisateur sur les méfaits du feeding. Il y a du bon et du mauvais feeding comme diraient les inconnus et celui de Steven me parait tout à fait contrôlé. Il n’est pas question de l’effectuer dans le lagon là où se baignent les gens comme cela se pratique en Polynésie. Cela se fait au large loin des zones habitées.

C’est une expérience unique pour rencontrer des requins en nombre. Il faut rappeler que la probabilité de croiser des requins tigre en plongée est quasi nulle. Le feeding est un moyen pour forcer cette rencontre extraordinaire.

Donc oui allez-y c’est top !

Les petits points négatifs parce qu’évidemment il y en a toujours : tout d’abord le bateau. Même si un voilier offre un cachet bien supérieur aux bateaux classiques de croisière, il y a un inconvénient majeur : ce n’est pas rapide surtout si l’on a le vent dans le nez et que l’on ne peut pas dans ces conditions profiter de l’apport de puissance de la voilure. On est au moteur et ça rame…

C’est particulièrement pénalisant lorsque l’on a de grandes traversées à faire ce qui était notre cas. Le corollaire à tout cela c’est que nous n’avons pas fait les sites de Bimini où nous devions voir des Mokarans (grand requin marteau) et Cat Island pour observer les concentrations de longimanus en cette période.

Ce sera à refaire.

Allez une dernière « Sand » (la bière locale) pour trinquer aux Bahamas et à bientôt pour de nouvelles aventures de la P5.

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Avec la trouelle « private joke »

Bahamas, Requin, Tigre, Immobilité tonique, 007

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